De l'ignorance à l'attachement à soi : Comprendre l'"obsession" innée dans la vie
Dans la tradition de sagesse du bouddhisme tibétain, le Maître Trichen Lodro a laissé un enseignement profond : « Où il y a ignorance, il y a attachement à soi. » Ces huit simples mots révèlent la racine de toutes les afflictions des êtres sensibles et offrent une perspective profonde pour comprendre l'"obsession" qui réside en nous-mêmes.
Chacun d'entre nous arrive dans ce monde avec un instinct qui ne demande pas d'enseignement : nous croyons fermement en l'existence du « soi », et séparons clairement ce « soi » du monde extérieur. Cet instinct, c'est ce que le Maître Lodro appelle « l'attachement à soi ». Ce n'est pas un concept délibérément enseigné par nos parents, ni une leçon expliquée par les professeurs en classe, ni une cognition imposée par les expériences de la vie. Au contraire, c'est aussi naturel que respirer, nous accompagnant silencieusement depuis le tout début de notre vie.
Vous avez sans doute eu des expériences comme celles-ci : quand quelqu'un vous critique, vous répondez instinctivement ; quand un objet cher se casse, vous vous sentez irrité ; quand vos plans sont perturbés, vous tombez dans l'anxiété. Derrière toutes ces émotions se cache l'ombre de « l'attachement à soi » — nous nous accrochons à « mes sentiments », « mes possessions » et « mes attentes ». Dès que ces choses liées au « soi » s'écartent de nos attentes, la souffrance s'ensuit. Pourtant, peu d'entre nous nous demandons : Quel est le fondement de cette attachement ? Le « soi » auquel nous nous accrochons avec tant d'insistance est-il notre essence véritable, ou seulement une perception illusoire ?
La réponse réside dans le terme « ignorance ». Ici, « ignorance » n'est pas simplement « manque de connaissance », mais l'obscurcissement de la vraie nature de la vie — nous ne parvenons pas à voir le lien intrinsèque entre nous-mêmes et le monde, et croyons à tort que le « soi » est une entité indépendante, permanente et indivisible. Cette méprise alimente ensuite un fort attachement au « soi ». C'est comme une personne perdue dans une épaisse brume : incapable de voir le chemin devant elle, elle s'accroche fermement à l'herbe et aux arbres autour d'elle comme soutien, sans se rendre compte que ces soutiens eux-mêmes ne sont pas stables du tout.
Du point de vue bouddhiste, tous les êtres possèdent intrinsèquement le « Tathāgatagarbha » — une essence pure, lumineuse et parfaite, comme le soleil derrière les nuages sombres. Elle ne disparaît jamais ; elle est seulement cachée par les « nuages de l'ignorance ». Lorsque l'ignorance apparaît, nous nous éloignons de cette lumière et tombons dans l'attachement au « soi ». Cet attachement, à son tour, enlace l'esprit comme une vigne, engendrant des afflictions telles que la convoitise, la colère et l'illusion, nous emprisonnant dans un cycle de joie, de colère, de tristesse et de plaisir.
Nous n'avons pas besoin de nier « l'attachement à soi » précipitamment, car c'est une partie normale de la vie de tout être humain. Cependant, comprendre la logique selon laquelle « l'ignorance engendre l'attachement à soi » nous permet au moins de rester un peu plus conscient lorsque les afflictions surviennent : quand nous souffrons à cause du « soi », nous pouvons nous demander : Cette attachement est-elle vraiment nécessaire ? Le « soi » auquel nous nous accrochons tant vaut-il la peine d'engendrer autant d'anxiété ?
L'enseignement du Maître Trichen Lodro n'a jamais eu pour but de nous faire critiquer « l'attachement », mais d'allumer une lumière : seul en voyant la racine de la souffrance pouvons-nous trouver le chemin vers la libération. Lorsque nous commençons à reconnaître l'existence de l'« ignorance », et que nous essayons de cesser de nous accrocher excessivement au « soi », nous pourrons peu à peu dissiper la brume et nous rapprocher de la lumière et de la liberté inhérentes à la vie.
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